L’Alliance Internationale pour le Climat (ALIC) au Climat Libé Tour : Retour sur un événement sous le signe de l’écologie populaire et inclusive
Dans le cadre de ses efforts pour renforcer la sensibilisation et la mobilisation autour des enjeux climatiques, l’Alliance Internationale pour le Climat (ALIC) a participé à la cinquième étape du Climat Libé Tour, organisée les 18 et 19 octobre 2024 au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) à Marseille par le journal français Libération. Cette initiative, centrée sur le thème de l’écologie populaire, visait à encourager une réflexion collective sur la manière d’inclure tous les citoyens, et en particulier les populations les plus vulnérables, dans la transition écologique et plus largement le développement durable.
Les échanges au Climat Libé Tour : une plongée dans l’écologie populaire et inclusive
Le programme des tables rondes, organisé le 19 octobre, a mis en lumière des aspects variés de l’écologie populaire. De nombreux intervenants ont échangé autour de sujets tels que la représentation des quartiers populaires la redéfinition des besoins essentiels face aux catastrophes climatiques et l’inclusion de toutes les générations dans la transition écologique.
Parmi les discussions marquantes, l’intervention de DJ Djel, membre du groupe marseillais Fonky Family, et de la photographe Yohanne Lamoulère a mis en lumière la nécessité de représenter les quartiers populaires autrement que par des stéréotypes tout en valorisant leurs pratiques éco-responsables ancrées dans le quotidien. Cette dernière a par ailleurs sorti un film intitulé « L’œil Noir «, pour déconstruire les regards posés sur les quartiers nord et montrer la complexité des habitants qui résident dans ces lieux.
L’œil noir est une œuvre fiction, un documentaire poétique, une ode pamphlétaire à la beauté des quartiers populaires et peut-être tout simplement une déclaration d’amour. Un moyen-métrage tourné aux abords du théâtre et dans les 15 et 16earrondissements de Marseille, mais, surtout autour d’un rond-point…
L’écologie populaire au centre des échanges
La journée du 19 octobre a été marquée par plusieurs tables rondes portant sur l’écologie dans les quartiers populaires et les défis spécifiques que rencontrent leurs habitants. Parmi les jeunes intervenants, Féris Barkat, cofondateur de l’association Banlieues Climat, a plaidé pour une écologie qui ne soit pas seulement théorique, mais ancrée dans le quotidien des populations. « L’écologie doit être incarnée par les banlieues, il est temps d’inverser le rapport de force », a-t-il affirmé, soulignant que les habitants des quartiers populaires, souvent invisibilisés, contribuent déjà à la transition écologique par leurs pratiques de réemploi et de recyclage informels. Amine Kessaci, fondateur de l’Association Conscience, souligne également l’importance de la considération des « quartiers » dans les débats autour de l’écologie. Selon lui, « l’écologie est quelque chose de concret, c’est se battre pour le vivant. Il faudrait être plus terre à terre sur le débat de l’écologie »
Dans la même idée, le DJ marseillais Djel a mis en avant l’importance de reconnaître ces efforts existants : « Dans les quartiers, nous sommes écolos au quotidien. » Cette écologie de terrain contraste avec des discours parfois éloignés des réalités des populations les plus précaires, qui ressentent de plein fouet les effets des crises sociales et environnementales sans nécessairement disposer des moyens d’y faire face.
Une nouvelle écologie décoloniale en débat
L’un des moments forts de l’événement a été la table ronde intitulée « La nouvelle écologie serait-elle décoloniale ? », qui a réuni des chercheurs et activistes explorant les liens entre écologie et héritage colonial. Malcolm Ferdinand, chercheur au CNRS et auteur d’Une écologie décoloniale, a présenté une perspective critique sur l’écologie contemporaine, trop souvent pensée sans les voix des populations non-blanches et des peuples anciennement colonisés. « La voix des peuples non-blancs est largement absente dans les discussions sur l’écologie », a-t-il affirmé. Ferdinand a plaidé pour une écologie qui prenne en compte l’histoire coloniale et les inégalités qui en découlent, arguant que ces perspectives sont essentielles pour comprendre l’impact actuel de la crise climatique.
Ce discours décolonial a suscité l’intérêt et des échanges nourris parmi le public et les intervenants, illustrant la nécessité de mieux articuler les enjeux environnementaux avec les questions de justice historique et sociale. Plusieurs participants ont souligné que la transition écologique doit tenir compte des inégalités structurelles qui affectent les populations marginalisées et notamment les diasporas africaines et antillaises.
Entre justice sociale et urgence climatique
Les échanges au Climat Libé Tour ont également fait ressortir un consensus sur le besoin d’inclure les populations vulnérables dans la réflexion climatique. Les quartiers populaires, souvent parmi les plus affectés par les pollutions urbaines et le manque d’infrastructures écologiques, sont aussi ceux qui bénéficient le moins des politiques vertes actuelles. À ce titre, l’écologie populaire et décoloniale apporte une perspective essentielle : celle d’une écologie au service de la justice sociale.
Des initiatives comme celles de Banlieues Climat ou l’association marseillaise Conscience, qui œuvrent pour une meilleure représentation des banlieues dans les politiques climatiques, incarnent cette volonté d’une transition écologique plus inclusive et incarnée par la jeunesse.
Un événement révélateur de nouveaux enjeux écologiques
À l’issue de cette étape marseillaise, le Climat Libé Tour laisse entrevoir une nouvelle manière d’envisager l’écologie : moins technocratique, plus inclusive et ancrée dans les réalités des populations les plus affectées. En mettant en lumière des perspectives décoloniales et en valorisant les pratiques écologiques populaires, cet événement a permis d’amorcer une réflexion nécessaire sur les moyens de rendre la transition écologique accessible à tous.
Pour Libération, cet événement s’inscrit dans une démarche de journalisme de proximité, visant à sensibiliser les citoyens tout en enrichissant le débat public. « Aller au plus près des lecteurs et du terrain afin que des initiatives soient mises en place et que les choses changent », a déclaré Paul Quinio, directeur délégué de la rédaction du journal, en soulignant l’urgence d’une mobilisation collective face aux défis environnementaux. En somme, cette étape du Climat Libé Tour a confirmé l’importance de croiser les approches écologiques avec les luttes sociales et historiques, offrant ainsi de nouvelles pistes pour une transition plus équitable.